Une année pour tout changer

de Céline Alvarez

Une année pour tout changer

En lisant ce koob, vous découvrirez pourquoi la réussite scolaire est possible pour tous les enfants et les moyens simples à mettre en oeuvre pour y parvenir.

Vous découvrirez aussi :

  • que l’élément déterminant dans l’apprentissage n’est pas l’enfant mais l’enseignant ;
  • que dès la naissance, l’enfant est prédisposé à faire tout ce qui va lui être appris ;
  • qu’il est capable de développer un langage élaboré, de penser de manière complexe, d’agir de façon contrôlée, de créer ;
  • que ce sont les adultes qui le déterminent à développer ces potentiels ;
  • pourquoi cela ne fonctionne pas.

L’école française ne respecte pas les principes d’épanouissement individuel. En effet, elle laisse peu de place à l’autonomie, au sens, à l’enthousiasme, à la joie. Une révolution du système éducatif est donc obligatoire pour changer cet état de fait. L’expérience a été menée pendant une année en Belgique afin de créer des environnements adaptés aux besoins et fonctionnement de l’enfant. Ils ont permis le développement des fonctions exécutives, au cœur de l’épanouissement humain. Cette expérience, menée sans aucun moyen, a donné des résultats bouleversants : en une année, les enfants sont devenus autonomes, sereins, motivés, calmes, heureux, persévérants… Voulez-vous découvrir comment et pourquoi ce changement a pu s’opérer ?

Les fonctions exécutives sont au cœur de l’apprentissage

Ces compétences cognitives permettent d’agir de façon organisée pour atteindre ses objectifs. Quelles sont-elles et comment se manifestent-elles ?

Les fonctions exécutives regroupent :

  • la mémoire de travail (capacité à garder une information en mémoire sur un temps court) ;
  • le contrôle inhibiteur (capacité à se concentrer, se contrôler et inhiber les distractions) ;
  • la flexibilité cognitive (capacité à détecter ses erreurs, les corriger, persévérer, se montrer créatif).

Ces fonctions sont en plein développement chez le petit qui veut et doit faire tout seul. Il exerce alors ses fonctions exécutives, même s’il ne maîtrise pas encore bien ses gestes. Il persévère jusqu’à son objectif et l’atteint si l’adulte ne l’en empêche pas.

L’enfant est plus intéressé par la suite d’actions et par ce qu’elle construit en lui que par le résultat extérieur. Par exemple, si un adulte ferme une boîte à sa place, l’enfant hurle car il voulait surtout essayer de la fermer.

C’est pourquoi il recommence indéfiniment le même geste, même s’il a atteint son objectif. Par exemple, il nettoie le sol et quand il a fini, il remet de la saleté pour recommencer. Quand il a réussi plusieurs fois de suite, il s’arrête car son besoin intérieur est comblé.

Pour résumé, les fonctions exécutives, nécessaires à l’apprentissage, se développent quand l’enfant agit seul. Etes-vous prêt à le laisser faire ?

Le développement des fonctions exécutives a des répercussions

Un bon développement de ces fonctions impacte non seulement l’apprentissage mais également la vie future. De quelle manière cela se traduit-il ?

Des fonctions exécutives bien développées chez l’enfant, lui permettront, une fois adulte :

  • d’atteindre ses objectifs ;
  • d’être confiant ;
  • d’être maître de lui ;
  • d’avoir des relations plus durables.

Un enfant qui pourra défier son intelligence lors de sa première année :

  • maîtrisera mieux les compétences exécutives entre 3 et 5 ans ;
  • saura qu’il peut trouver des solutions à des problèmes seul ou avec un peu d’aide ;
  • n’aura pas peur de se tromper ;
  • sera persévérant ;
  • sera capable d’acquérir de nouvelles compétences et connaissances.

Par contre, si vous faites à sa place, il ne pourra construire son intelligence exécutive ni chez lui, ni en classe. En outre, les écrans qui le rendent inactif et détraquent son système attentionnel génèrent un sous-développement de ses fonctions exécutives. Apprendre devient alors très laborieux. En effet, l’enfant, absorbé par des sollicitations extérieures, a du mal à mémoriser, planifier, se concentrer.

Selon la recherche, ceux qui ont développé ces fonctions :

  • sont plus heureux ;
  • réussissent mieux leurs examens ;
  • ont de meilleurs emplois ;
  • ont moins d’addictions ;
  • ont des relations sociales plus stables ;
  • sont en meilleure santé ;
  • ont moins d’accidents de voiture.

Les enfants issus de milieux défavorisés sont plus à même de développer des fonctions exécutives déficitaires. Pour contrer cet état de fait, commencez à solliciter ces fonctions dès le plus jeune âge. Pour cela, laissez l’enfant agir seul dès qu’il en manifeste l’envie.

Une seconde phase de développement des fonctions exécutives a lieu à l’adolescence, sur la base de ce qui a été posé durant l’enfance.

En bref, un bon développement des fonctions exécutives dans l’enfance est garant de réussite scolaire et de vie sociale plus épanouie. Bonne nouvelle !

Les adultes doivent aider au développement des fonctions exécutives

L’adulte doit accompagner l’enfant vers l’autonomie pour favoriser son bon développement exécutif. Comment le faire au quotidien ?

Pour faire seul, l’enfant doit avoir intériorisé l’étayage et la bienveillance de l’adulte. Pour cela, interagissez avec lui par la parole dès sa naissance. Vous activerez ainsi son cerveau et permettrez la création d’un bon câblage entre ses différentes régions cérébrales, nécessaire au bon développement des fonctions exécutives.

L’amour développe l’intelligence humaine au maximum de ses possibilités. Par exemple, quand les 2 parents lui offrent un étayage empathique dès la naissance, l’enfant possède à 8 ans un volume de matière grise et de matière cérébrale plus important que ceux qui ne l’ont pas eu. Ces bienfaits peuvent se démultiplier quand il y a de l’empathie entre les enfants. Favorisez donc l’entraide et l’amitié entre eux.

La partie préfrontale du cerveau de l’enfant est immature. Avant le développement de ses fonctions exécutives, il a donc du mal à se calmer seul et subit des tempêtes émotionnelles. Son cerveau est alors envahi de cortisol (molécules liées au stress) qui peut abimer à terme son cortex préfrontal.

Dans ce cas, manifestez-lui rapidement de l’empathie par un contact physique ; le cortisol sera alors stoppé par la libération de l’ocytocine (molécule du lien). Celle-ci protège les fonctions exécutives et permet leur développement. Une fois calmé, aidez l’enfant à mettre des mots sur son ressenti et à l’analyser afin de l’apaiser et de renforcer ses fonctions exécutives.

Un enfant soutenu dans ses efforts de langage :

  • s’exprimera mieux ;
  • sera capable de réguler ses émotions ;
  • sera moins impulsif ;
  • sera plus attentif.

Apprenez-lui à patienter. Par exemple, quand un enfant vous sollicite alors que vous parlez, au lieu de vous interrompre, proposez-lui de poser la main sur votre épaule. Ainsi, vous savez qu’il a besoin de vous et il sait que vous savez. Cela l’apaise et l’aide à patienter.

Favorisez son autonomie au quotidien ; par exemple, s’habiller, se chausser, se laver les mains, se moucher, manger, mettre la table… Associez-le aux tâches collectives ; par exemple, balayer, faire la vaisselle, écaler des œufs…

Challengez régulièrement ses fonctions exécutives. En effet, les utiliser ne suffit pas à les développer.

Proposez des activités qui font sens : par exemple, attirer son attention sur une mélodie plutôt que sur la suite de gestes à faire pour la produire.

Quand l’enfant est motivé par une activité, ses fonctions exécutives s’exercent puissamment. Il apprend mieux et plus vite car la motivation active sa mémoire. De plus, l’enfant met alors son intelligence au service du développement de sa personnalité et reste donc connecté à lui-même.

En France, la tendance est de sanctionner l’erreur. Or, il faut se tromper pour apprendre. Le jugement négatif de l’erreur paralyse l’enfant. Aidez-le au contraire à travailler avec l’erreur. En apprenant à la détecter et la comprendre, il pourra progresser.

Valorisez les efforts plus que le résultat pour l’encourager à persévérer. Il comprendra alors qu’il est normal de ne pas réussir du premier coup.

Permettez-lui de se fixer ses objectifs et aidez-le à les atteindre pour mettre à l’épreuve ses compétences d’action. Evitez de trop le diriger.

Proscrivez les écrans jusqu’à 3 ans. En effet, selon une étude menée sur des milliers d’enfants de 2 à 17 ans, passer plus d’une heure par jour sur écran entraîne :

  • une diminution de la curiosité, du contrôle de soi et de la persévérance ;
  • une augmentation des troubles de l’attention et de l’impulsivité ;
  • une instabilité émotionnelle ;
  • une incapacité à terminer la tâche engagée.

Le manque de sommeil impacte également le développement des fonctions exécutives.

Finalement, de nombreux facteurs extérieurs impactent le développement des fonctions exécutives. L’adulte doit donc accompagner l’enfant et mettre en place un environnement propice. A vous de jouer !

Il faut instaurer des préalables pour apprendre autrement

Une pédagogie et un environnement de classe adaptés sont deux paramètres indissociables nécessaires au bon apprentissage. Comment y parvenir ?

Dans l’expérience menée en Belgique pendant une année, une classe de CP et deux de 2ème année de maternelle ont servi de témoin pour rapporter leur travail à 750 enseignants engagés dans le projet.

Les enseignantes des 3 classes ont centré leur pratique sur l’exercice des fonctions exécutives. Elles ont accompagné les enfants :

  • individuellement à devenir autonomes au quotidien ;
  • à choisir dans la classe leur activité parmi une sélection pleine de sens.

Elles ont aidé les enfants :

  • à mener les activités à bien seuls ou en groupes ;
  • à patienter ;
  • à s’aider ;
  • à s’exprimer.

Pour challenger l’intelligence globale et exécutive des enfants, il faut relever le niveau des activités. En effet, elles sont souvent trop simples alors que l’enfant possède dès sa naissance des connaissances intuitives. Par exemple, à 4 mois, il peut détecter des erreurs de grammaire dans une langue étrangère entendue seulement 15 minutes !

Par conséquent, le décalage entre ses capacités réelles et celles que l’adulte projette sur lui entraîne un sous-exercice de son intelligence. Si bien qu’il s’ennuie, perd sa motivation, son enthousiasme et a des difficultés à apprendre.

En effet, s’il n’est pas intéressé, les circuits de sa mémoire s’activent peu. Or, quand un enfant a du mal à apprendre, la tendance est de réduire la difficulté, ce qui diminue encore la possibilité de piquer son intelligence. Il faut au contraire augmenter la difficulté pour le réveiller.

Une activité trop facile génère du désordre. Or, c’est le cas de la plupart de celles proposées dans les écoles. Augmentez donc le niveau de difficulté pour polariser l’attention des enfants perturbateurs.

Certaines écoles sont dans un état lamentable. Or, avant de pouvoir faire un réaménagement pédagogique, il faut impérativement mettre en place des conditions d’hygiène, de respect et de dignité.

Des aménagements ont donc été réalisés dans les classes belges, trop petites pour le nombre enfants, afin de libérer de l’espace pour mieux circuler :

  • suppression du bureau de l’enseignante, qui s’assoit près des enfants et parle bas à celui qui est près d’elle afin de ne pas déranger les autres ;
  • réduction du nombre de bureaux pour les enfants, qui travaillent au sol, sur des tapis ;
  • installation de mobilier à hauteur d’enfants, pour favoriser leur autonomie.

Dans un espace épuré et ordonné, les enfants seront eux-mêmes ordonnés. De plus, un environnement épuré aide à percevoir les connaissances. Par exemple, une salle de classe trop décorée est source de distraction. Au contraire, une classe esthétique apporte sérénité, sécurité et beauté, ce qui aide à l’élaboration de l’intelligence.

Quand le désordre revient, regardez activement ce qu’il se passe autour de vous avec les yeux, la tête et le cœur, dans une pleine présence et en pleine conscience. Souvent, le désordre naît d’un mobilier inadapté qui empêche l’enfant d’aller au bout de son activité. Par exemple, des tables trop petites, trop légères ou qui bougent…

En résumé, des changements dans l’environnement d’apprentissage sont nécessaires pour mettre en place le changement pédagogique. Une évidence, non ?

Le choix des activités est essentiel

Les activités proposées aux enfants doivent mettre leur intelligence au défi et leur permettre d’exercer leurs fonctions exécutives. Quelles sont ces activités ?

Un fonctionnement autonome de l’enfant dans une activité permet le développement de sa confiance et de sa maturité.

Les activités doivent avoir du sens au niveau culturel. Par exemple, ne leur demandez pas de faire passer des lentilles d’une coupelle à l’autre avec une pince à épiler. En effet, vous leur enseignez alors un usage inapproprié des objets de la vie quotidienne. Apprenez-leur plutôt l’utilité réelle des objets.

Les jeunes enfants adorent les activités pratiques quotidiennes (préparation de la collation, vaisselle, balayage, s’habiller seuls, se servir à manger et à boire…). Elles leur permettent de développer leurs compétences d’action et leur estime de soi. En effet, elles représentent pour eux un important challenge exécutif et ils éprouvent donc une grande fierté à le faire.

Utilisez des jeux comme les dames, les échecs, Puissance 4, les dominos, le mikado… qui sollicitent les fonctions exécutives et renforcent le lien social, bénéfique au développement humain. Le niveau de difficulté doit être progressif et adapté.

Proposez des jeux de construction, des activités manuelles (modelage, perles, poinçonnage…), plastiques (coloriage, pochoirs, peinture…), pratiques (découpage, couture, tressage...).

Privilégiez les puzzles les plus durs qui exercent la mémoire de travail visuelle et la planification. De plus, l’erreur révélée de manière mécanique aide à exercer la flexibilité cognitive.

Choisissez en priorité ce qui donne de la joie à l’enfant, lui donne envie d’apprendre. Les yeux brillants devraient être le seul programme. Un bon choix d’activités rend les enfants plus calmes, indépendants et persévérants.

Félicitez l’effort et la persévérance pour générer le soutien et l’entraide. A contrario, si vous félicitez le résultat, vous produirez de la compétition.

En bref, pour exercer ses fonctions exécutives, l’enfant a besoin d’activités variées qui challengent son intelligence, ont du sens et dans lesquelles il peut être autonome. Le choix ne manque pas !

L’autonomie est la base des apprentissages

L’autonomie permet les apprentissages et développe l’empathie et le lien social. Comment cela se manifeste-t-il ?

L’acquisition de l’autonomie

En classe, pour développer l’autonomie individuelle et collective :

  • expliquez la consigne générale (par exemple, une activité terminée doit être rangée en ordre, à sa place) ;
  • montrez aux enfants comment se conduire en classe (par exemple, se déplacer calmement, rouler et dérouler leur tapis... ;
  • faites répéter le geste jusqu’à son acquisition et remontrez-le, le cas échéant ;
  • aidez les enfants à choisir leur activité, à bien la tenir et à persévérer ;
  • montrez-leur les gestes de l’autonomie au quotidien (s’habiller, ranger ses vêtements…).

L’acquisition de l’autonomie via le cadre et la répétition des gestes est essentielle pour aller ensuite vers l’apprentissage.

La pleine autonomie permet aussi de résoudre confits et désaccords de manière constructive, en restant en lien avec l’autre. Pour cela, encouragez les enfants à s’exprimer sur leur ressenti. S’ils sont trop petits pour le faire, faites-le pour eux. L’expression développe l’empathie de tous. Ils restent dans l’échange, comprennent mieux ce qu’ils vivent et cherchent ensuite des solutions par eux-mêmes.

Montrez-leur comment communiquer calmement. En effet, leur cortex préfrontal, qui régule les émotions, mature grâce à l’étayage fourni par l’adulte. Plutôt que de demander à un enfant de dire pardon, proposez-lui d’écouter ce que son camarade a ressenti du fait de son attitude. Il trouvera ensuite comment réparer ce qu’il a fait.

Pour cela :

  • invitez-les à décrire ce qu’il s’est passé ;
  • aidez-les à exprimer leurs émotions et leurs besoins ;
  • demandez-leur quelle pourrait être la solution.

Ils pourront alors ensuite gérer en autonomie des conflits dans la cour de récréation.

Les moyens de l’autonomie****

En Belgique, la réunion de deux classes encadrées par deux enseignantes, aidées d’une puéricultrice (équivalent de l’ATSEM) a permis :

  • d’avoir plus d’espace ;
  • de mieux s’occuper des enfants ;
  • de faciliter les échanges entre eux ;
  • d’avoir des interactions entre institutrices et enfants plus longues et de meilleure qualité ;
  • d’apporter des réponses adaptées aux enfants en difficulté qui ont pu progresser.

Un enfant passe 6 heures par jour dans 60 m2 avec 25 autres, voire plus. Du coup, le bruit et le désordre l’agressent car ils entrent dans sa sphère intime. Il devient alors nerveux et l’enseignant doit donc sans cesse corriger des problèmes induits par l’environnement.  Quand les enfants ont plus d’espace pour bouger, ils sont plus calmes.

Comme les enseignantes belges, favorisez les activités libres telles que les travaux manuels, excellentes pour le développement des fonctions exécutives, car elles sont sans objectif. L’enfant doit donc se le fixer lui-même et trouver les moyens d’y parvenir.

Encouragez les enfants car l’apprentissage passe par l’interaction. Par exemple, quand il vous apporte un dessin, n’exprimez pas de jugement de valeur mais montrez-lui que ce dessin vous importe et décrivez-le. Vous lui montrez ainsi que vous l’avez apprécié et pris le temps de le regarder.

Soyez attentif aux signes de fatigue comme le bâillement, qui révèlent les limites des capacités d’attention et d’action des enfants. En les approchant et en permettant à l’enfant d’aller chaque fois un peu plus loin, vous l’aiderez. Si vous tenez bon et que les enfants ont confiance, ils feront les efforts nécessaires.

Pour aider l’enfant à persévérer, accompagnez-le et encouragez-le à terminer ce qu’il a commencé. Si l’activité est vraiment trop difficile, terminez avec lui. Il ne doit pas abandonner. Il doit y arriver pour intégrer que la réussite n’est pas toujours immédiate. Relevez les efforts faits par l’enfant. Il se sentira alors en sécurité et apprendra plus vite, en confiance.

Vous n’êtes alors plus dans l’éducation mais dans la rééducation fonctionnelle, qui ne peut se faire qu’avec l’étayage de l’adulte. Quand cela devient trop dur, vous pouvez rire.

Les problèmes de concentration et d’attention empêchent les enfants de tenir une discussion et de s’exprimer clairement. Aidez-les à reformuler avec les bons mots.

Pour intégrer les règles de certains jeux, les enfants doivent les vivre. Plutôt que de les expliquer, jouez avec eux !

Pour travailler l’autonomie, exprimez explicitement ce qui est attendu avec des phrases claires, courtes, et positives.

L’acquisition de l’autonomie se répercute ensuite à la maison (par exemple, les enfants rangent leurs affaires, font des choses tous seuls…) et dans leur envie de venir à l’école.

L’impact sur les apprentissages

En même temps que le travail sur l’autonomie, les enseignantes belges ont insufflé de manière informelle quelques notions fondamentales. Par exemple, le son des lettres ou la comptine numérique. Si vous donnez ces informations régulièrement sur un temps court et amusant, les enfants les retiennent.

Ainsi, en Belgique, des enfants de maternelle ont appris à lire avec le son des lettres plutôt que leur nom. Par exemple, « mmm » pour M plutôt que « ème ». Ils ont ensuite pu décoder rapidement les mots de leur environnement (affiches, panneaux…).

Donnez-leur le son des lettres et les digrammes (CH, OU, ON, AN, OI, IN, GN, AI) en lettres capitales, plus utilisées dans l’environnement ****que les attachées. Quand les enfants connaissent le son de 10 lettres, ils s’amusent à composer des mots en les plaçant les unes à la suite des autres. Quand ils reconnaissent un mot, proposez-leur de chercher dans la classe ce à quoi il correspond (chaise, table, feutre…) ou de faire l’action correspondante (marche, tape sur le mur…).

Ecrivez des petits secrets, par exemple des mots phonétiques (Mur, Vis) ou avec digramme (Bonbon). Ils enchantent les enfants quand ils les lisent. Mettez des pochettes à leur disposition avec des mots à associer à l’image correspondante.

Quand un enfant comprend le principe de la lecture, il veut lire. Dès qu’il décode les premiers mots, présentez-lui donc des livres en lettres capitales. La lecture est naturelle et se fait avec du sens, celle de l’histoire. Et elle ouvre les portes de la culture générale. Quand l’enfant est habitué à lire, il se met à écrire et veut le faire en attaché, comme les grands.

Pour résumé, l’autonomie est un indispensable préalable aux apprentissages car elle permet d’acquérir la confiance en soi. Bien accompagné et sécurisé par l’adulte, tout enfant est donc capable d’apprendre et de réussir à l’école.

Conclusion

L’exercice soutenu des fonctions exécutives, étayé par l’acquisition de l’autonomie, permet à tous les enfants de passer d’un état de distraction, de désordre et de manque de motivation à la sérénité, l’enthousiasme, l’épanouissement, la confiance, l’empathie et la maturité. L’accompagnement d’un adulte aide au réveil de ces potentiels innés. Pour arriver à ce changement, les adultes doivent faire une révolution intérieure et accepter d’accueillir le désordre et la dispersion pour travailler avec. Ils doivent passer d’enseignant à soignant, réparateur de l’esprit.

Ce qu’il faut retenir de ce koob :

  • les fonctions exécutives sont au cœur des apprentissages ;
  • l’adulte doit favoriser l’exercice de ces fonctions par des activités suffisamment compliquées ;
  • l’acquisition de l’autonomie permet un bon développement exécutif ;
  • l’autonomie entraîne la créativité, la persévérance, l’entraide et la confiance ;
  • l’adulte doit accompagner l’épanouissement de l’enfant dans sa singularité et sa dignité ;
  • les enfants sont tous capables de réussite.