Comprendre et pratiquer la CNV au quotidien

de Laurence Monnier
par Laurence Monnier

En lisant ce koob, vous apprendrez à mieux communiquer au quotidien en appliquant les principes de la communication non violente (CNV).

Vous apprendrez aussi :

  • que la CNV contribue fortement à améliorer la qualité des relations ;
  • combien il est vital d’identifier ses besoins et d’entendre ceux des autres ;
  • qu’il est possible de régler un différend en maintenant le dialogue ouvert ;
  • que l’empathie est l’une des clés de la CNV ;
  • qu’il est nécessaire de bien choisir ses mots.

La communication non violente est un véritable art de vivre. Elle permet des relations enrichissantes, fondées sur le respect des valeurs de chacun. Dans La communication non violente au quotidien, Les bases spirituelles de la communication non violente et Les mots sont des fenêtres, Marshall B. Rosenberg, fondateur du processus, donne les clés d’une communication saine à la portée de tous. Par ailleurs, différents articles, conférences et interviews, montrent que le processus de la CNV est transmis dans de nombreux domaines pour développer des liens authentiques et constructifs. Êtes-vous prêt à découvrir les bienfaits de cette communication ?

Certaines façons de communiquer rompent le dialogue

Communiquer est parfois une expérience pénible, car un échange mal maîtrisé se révèle inefficace, voire néfaste. Dans ce cas, le ton devient vite agressif et les mots font mal. Quelles formes de communication devriez-vous proscrire pour éviter ce phénomène ?

Lors de certaines conversations, plutôt que d’établir un pont entre votre interlocuteur et vous, vous vous retrouvez devant un “mur” où le conflit s’installe. La communication non violente au quotidien et Les mots sont des fenêtres présentent des modes de communication à ne pas utiliser pour éviter ces situations.

Le jugement moralisateur

L’être humain est habitué à juger autrui. Il se soumet très tôt aux conventions sociales pour s’épargner le désagrément d’être jugé en retour. Il se forge un système de valeurs, qui lui sont propres et qu’il n’est pas forcé de partager avec d’autres individus.

La critique, énoncée comme un reproche ou une insulte, rompt la communication et diminue fortement les chances d’obtenir gain de cause.

Ce jugement sous-entend toujours l’expression du conditionnel. Par exemple, si vous jugez votre interlocuteur égoïste, vous êtes tenté de lui dire qu’il “devrait” moins penser à lui.

Il est essentiel de ne pas porter de jugement sur l’autre sous prétexte que ses valeurs et ses aspirations sont différentes des vôtres.

La comparaison

Faire des comparaisons constitue un obstacle à une communication réussie. Cette façon de juger autrui peut être blessante. De fait, votre interlocuteur malchanceux ne tirera aucun bénéfice à être comparé à quelqu’un à qui tout réussit.

Le déni de responsabilité

Les phrases qui commencent par “il faut que” ou “je dois” tendent à déresponsabiliser celui qui les prononce. Elles sont un aveu d’incapacité à assumer ses actes et ses propos.

C’est une manière de rendre les autres responsables de ses propres actions, souvent par peur d’être jugé. Par exemple :

  • “je me suis mis à fumer parce que tout le monde fumait” ;
  • la personne qui range ses affaires “parce qu’il faut que ce soit fait” attribue son geste à une force obscure à laquelle elle se dit contrainte d’obéir.

L’exigence et la punition

La confusion entre une demande et une exigence, c’est-à-dire un ordre, est fréquente. Celui qui formule une requête accepte la possibilité d’essuyer un refus. En revanche, s’il exprime une exigence, il ne veut pas de “non” pour réponse.

Implicitement, il fait planer la menace d’une sanction. En conséquence :

  • “j’aimerais que tu cuisines plus souvent” est une exigence ;
  • “j’aimerais que tu me dises si tu accepterais de cuisiner le mardi et le jeudi” est une requête.

Le verbe “mériter”, qui suppose une punition ou un encouragement, tend également à rompre la communication. Il faut ainsi bannir des phrases comme “tu mérites d’être puni pour ce que tu as fait”.

En bref, certaines formes de communication conduisent inévitablement à des tensions et ne font qu’envenimer la situation. Évitez de juger, de comparer, d’exiger et de rejeter la responsabilité de vos actes sur l’autre. Vous renouerez le dialogue !

Comprenez la colère pour mieux l’apprivoiser et l’exprimer de façon constructive

La colère est un sentiment naturel et puissant. Mal maîtrisée, elle peut conduire à des réactions disproportionnées, voire violentes. Il est pourtant nécessaire de l’exprimer plutôt que de la contenir. Comment la dominer ?

Contrairement aux apparences, ce n’est pas l’autre qui vous met en colère mais vous-même. Il existe une confusion entre la véritable cause de la colère et son facteur déclenchant.

Invitées sur TV5 Monde, deux formatrices en CNV expliquent qu’un élément extérieur ou l’attitude d’autrui peut faire naître chez vous un sentiment de colère. Ce stimulus n’est pourtant pas l’origine de votre mécontentement. C’est en vous qu’il faut en rechercher la cause.

Par exemple, imaginez que vous vous emportez contre une collègue n’ayant pas encore fait la relance des impayés. Votre entreprise a pourtant des échéances à payer et a absolument besoin de trésorerie.

Dans ce cas, vous attribuez votre colère au comportement de votre collègue. Or celui-ci n’est que le facteur déclenchant de votre emportement.****

En réalité, c’est votre besoin de sécurité financière et de tranquillité qui vous stresse. C’est là la vraie cause de votre colère.****

Comme le souligne Rosenberg dans Les mots sont des fenêtres, il est crucial que chacun accepte la responsabilité de sa colère. L’attribuer à l’autre le conduit à se sentir coupable.

Par exemple, un parent qui s’énerve contre son enfant pour ses mauvaises notes à l’école lui inflige un sentiment de culpabilité. Si l’enfant fait en sorte d’améliorer ses résultats, ce sera pour échapper à cette culpabilité plutôt que par réelle motivation.

Pour exprimer votre colère de façon non violente :

  1. Faites une pause et respirez. Libérez votre énergie en vous-même plutôt que sur l’autre ;
  2. Observez ce qui s’est passé et lâchez-vous intérieurement. Acceptez l’idée que vous êtes sous l’influence de vos jugements. Vous pouvez par exemple vous dire : “elle est complètement folle, cette collègue ! L’entreprise ne va pas s’en sortir” ;
  3. Écoutez ce qui se passe en vous. Comment vous sentez-vous ? Êtes-vous énervé ou avez-vous peur ?
  4. Déterminez vos besoins profonds. Définissez ce qui est important pour vous, **un besoin de sécurité **par exemple ;
  5. Formulez une demande claire. Il faut qu’elle soit ****concrète et dépourvue d’agressivité pour que l’autre comprenne l’attitude qu’il doit adopter.

En clair, pour exprimer le sentiment naturel qu’est la colère, il est nécessaire d’en comprendre les ressorts et d’admettre que vous seul en êtes responsable. Prenez le temps d’analyser les moments dans lesquels vous vous êtes énervé et décidez de les gérer autrement !

Chacun a des besoins fondamentaux qu’il doit apprendre à identifier et à respecter

Toute personne a des besoins fondamentaux qui s’acquièrent avec le temps et l’expérience. Pour les satisfaire, chacun use de stratégies qui lui sont propres. Rosenberg en rappelle quelques-uns, qui lui semblent les plus importants. Quels sont-ils ?

Tous les individus partagent des besoins de base, qu’ils soient physiques ou psychologiques.

Le bien-être physique

Les besoins naturels et physiologiques sont inhérents aux hommes, qu’il s’agisse de nourriture, d’eau, d’air, d’un abri, d’exercice ou de repos.

Il peut également être question d’un besoin de protection contre les agressions qui menacent leur vie ou de la nécessité de contacts physiques.

L’autonomie

Dans Les bases spirituelles de la communication non violente, Rosenberg rappelle que chacun dispose de la liberté de choisir ses rêves, ses projets et ses valeurs puis de mettre en place un plan d’action pour les concrétiser. Même si l’être humain est un être social, il a envie de se démarquer des autres et de s’attribuer ses réussites et ses échecs.

L’interdépendance

Rosenberg revient sur le besoin d’interdépendance dans **La communication non violente au quotidien. **Ce besoin est lié au désir de créer une communauté, d’appartenir à un groupe et d’y trouver un équilibre. L’interdépendance permet de vivre des échanges sincères et de faire en sorte que les besoins de chacun soient reconnus et pris en considération.

L’interaction favorise l’amour, la confiance en soi et en autrui, l’empathie, le respect et le soutien. Elle offre aussi la possibilité de contribuer à enrichir sa propre vie et celle des autres.

La communion d’esprit

Il s’agit des besoins d’harmonie, d’inspiration, d’ordre et de paix qui animent tout un chacun. Ce besoin inclut également la culture du beau.

L’épanouissement

Le besoin d’intégrité et d’authenticité contribue à renforcer l’estime de soi et son développement harmonieux. Avoir des valeurs éthiques permet de donner un sens à sa vie et de la rendre plus créative.

Le jeu

Il s’agit de ce qui a trait au divertissement, au rire et à la stimulation intellectuelle.

En définitive, les besoins fondamentaux sont à la base de la communication non violente. Ils sont l’énergie vitale qui vous anime. Si vous souhaitez approfondir la connaissance que vous avez de vous, prenez le temps d’identifier vos besoins. Votre relation aux autres en sera facilitée !

La CNV incite à s’interroger sur soi en déterminant avec précision ce qui est observé et ressenti

La communication non violente vous permet de vous concentrer sur ce qui se passe en vous. Vous cherchez ainsi à déterminer objectivement ce qui contribue à augmenter ou à diminuer votre bien-être. Comment exprimer clairement vos sentiments ?

Dans La communication non violente au quotidien, Rosenberg rappelle qu’observer, c’est apprendre à s’écouter et à être au clair avec soi-même. Bien souvent, vous êtes tenté de juger et d’évaluer plutôt que de décrire simplement des faits ou de les constater sans parti pris. Si vous faites des déductions de ce que vous observez, vous basculez dans l’interprétation et l’analyse.

Puisqu’il est quasiment impossible de se débarrasser de tout jugement et de viser l’objectivité parfaite, différenciez les faits des évaluations. Laissez venir à vous toutes vos pensées, classez-les et focalisez-vous sur les faits.

En agissant ainsi, vous gardez vos distances vis-à-vis de votre interlocuteur et vous vous abstenez de lui faire une remarque désobligeante. Le but est bien d’établir ou de conserver un lien avec lui, en adoptant le langage de la girafe.

Il s’agit d’une image utilisée en CNV pour illustrer un dialogue sain. Avec son long cou et son gros cœur, cet animal symbolise la bienveillance et la distance nécessaires dans toute situation de communication.

Comme le rappelle l’article “Le langage du cœur, arme anti-conflits” (Le Monde), la girafe s’oppose au chacal, qui représente le fait de s’exprimer en véhiculant jugements et évaluations.

Des indices vous permettront de repérer facilement les paroles qui jugent. Par exemple, l’emploi :

  • du verbe être : “tu es trop…” ;
  • des verbes et adjectifs dépréciatifs : “il traîne, c’est un mauvais joueur de foot” ;
  • de généralités : “les gens…” ;
  • d’adverbes de temps : “toujours, jamais, souvent”.

Ainsi, au lieu de dire “tu parles trop”, faites plutôt un constat : “tu as parlé pendant 20 minutes à la réunion”.

En outre, il est nécessaire d’être à l’écoute de ses sentiments et de les verbaliser. Ils révèlent :

  • votre bien-être ou votre inconfort physique et mental : “je suis intéressé”, “j’ai froid” ;
  • votre degré de satisfaction ou de frustration : “je suis joyeux”, “je suis triste”.

Lorsque vous exprimez ce que vous ressentez, soyez précis. Par exemple :

  • si vous vous sentez bien, vous pouvez être “calme”, “heureux” ou “enthousiaste” ;
  • si vous ne vous sentez pas bien, vous pouvez être “anxieux”, “énervé” ou “triste”.

Il est donc préférable d’opter pour un vocabulaire affectif explicite. D’ailleurs, avec des expressions comme “j’ai le sentiment” ou “je sens que”, ce qui suit ne décrit généralement pas précisément ce que vous ressentez.

Cela évoque davantage l’interprétation de ce que l’autre peut penser. En revanche, “je suis triste que tu partes” exprime bien un sentiment.

Pour résumer, il est essentiel de s’en tenir à l’observation des faits et d’exprimer clairement vos sentiments. Vous devez faire la différence entre les faits et les évaluations afin de ne pas confondre vos sentiments avec ceux des autres !

Définissez vos besoins et formulez adroitement vos demandes grâce à la CNV

Le processus de la CNV vous conduit à prendre conscience de vos besoins, cachés derrière vos sentiments et vos émotions, et à formuler des demandes pour les satisfaire. Quel langage adopter ?

Il existe un lien étroit entre les sentiments et les besoins de chaque individu. Le méconnaître pousse inévitablement à rejeter la faute sur l’autre. Il est effectivement plus facile de culpabiliser son interlocuteur que de reconnaître un besoin propre qui n’est pas satisfait.

Ainsi, il est impératif de reconnaître ses besoins non satisfaits pour communiquer avec son interlocuteur et rester connecté à lui.

La CNV recommande de faire suivre l’expression d’un sentiment par une explication introduite par “parce que”. Par exemple, “je suis déçu que tu ne viennes pas parce que je voudrais te parler de ce qui me préoccupe”.

Grâce à cette formulation, vous endossez la responsabilité de vos sentiments sans la reporter sur votre ami.

À ce sujet, l’ouvrage La communication non violente au quotidien fournit des exemples d’expressions à éviter :

  • “je me sens… parce que tu…” Il est préférable de parler de la cause à la première personne pour s’engager ;
  • “cela”, qui est une tournure trop impersonnelle ;
  • “quand tu fais cela, je suis…” Le besoin insatisfait n’est pas mentionné.

Vous devez donc établir un véritable lien entre votre sentiment et votre besoin. Par exemple, vous entrez dans la chambre de votre enfant et trouvez des vêtements jonchant le sol. Ne lui dites pas qu’il vous énerve en laissant traîner ses affaires, mais que vous avez besoin d’ordre dans la maison.

Ensuite, comme stipulé dans Les mots sont des fenêtres, une demande claire met en lumière ce que vous aimeriez que l’autre fasse concrètement pour vous. En conséquence, vous exprimez ce que vous voulez précisément, en utilisant des verbes d’action précis.

En outre, vous parlez en termes positifs en évitant les négations.

Pourquoi insister sur ce que vous ne voulez pas, alors qu’il est plus direct d’exposer ce que vous voulez ? Le flou, les termes abstraits et négatifs conduisent à des malentendus et à des interprétations.

Par exemple, imaginez une épouse qui, en colère contre son mari, lui dit : “Je ne veux pas que tu consacres autant de temps à ton travail ni que tu t’inscrives à ce tournoi de golf.” Elle exprime ce qu’elle ne veut pas, avec des termes négatifs et sans préciser d’attentes concrètes.

Comparez avec cette formulation : “Je te demande si tu accepterais de passer au moins une soirée par semaine avec les enfants et moi.” La demande est ici explicite et dépourvue de négation.

Elle incite l’autre à répondre favorablement à la requête, sans qu’il entende des reproches ou se sente accusé.

En conclusion, définissez bien vos besoins et formulez votre demande sans ambiguïté. Vous devez adopter un langage positif et vous entraîner à formuler des demandes claires !

La communication non violente vous invite à développer votre empathie

Adopter l’attitude adéquate face à une personne en détresse ne va pas de soi. Dans ce cadre, vous devez faire preuve d’empathie. Comment la développer ?

Dans Les mots sont des fenêtres, Rosenberg explique que ce n’est pas en consolant votre interlocuteur ou en lui offrant toute votre sympathie que vous allez l’aider.

Certaines attitudes sont même des obstacles à l’empathie, par exemple :

  • conseiller : “je crois que tu devrais” ;
  • consoler : “ce n’est pas de ta faute, tu as fait de ton mieux” ;
  • avancer une anecdote personnelle : “cela me fait penser à” ;
  • clore le sujet : “allez, ce n’est rien !” ;
  • comparer avec une autre situation apparemment semblable.

L’empathie suppose au contraire une capacité d’écoute profonde, sincère et parfois silencieuse. Elle exige d’être réceptif et focalisé sur l’autre, d’être réellement présent.

L’article “Les miracles de la communication non violente” (Les Échos) met l’accent sur la nécessité d’offrir sa présence totale à celui qui a besoin de votre écoute. Il faut l’observer et l’inviter à verbaliser lui-même son problème.

Ainsi, plutôt que de chercher à parler à tout prix avec des mots impropres à la situation et qui tombent à plat, pratiquez la paraphrase. Indiquez à votre interlocuteur ce que vous avez compris de ce qu’il veut exprimer.

Cette paraphrase n’est pas une simple reformulation : elle s’accompagne d’une question. Le livre La communication non violente au quotidien l’explique bien : la forme interrogative permet à votre interlocuteur de rectifier une éventuelle erreur d’appréciation et de trouver lui-même une réponse.

Par exemple, une personne est déçue de ne pas avoir obtenu le poste qu’elle convoitait. Vous pourriez dire : “je suis triste que tu n’aies pas obtenu ce poste. Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour t’aider dans cette situation ?”

La personne en détresse peut avoir besoin de temps pour parvenir à exprimer ce qu’elle ressent. Il s’avère parfois utile de poser d’autres questions pour obtenir un résultat comme : “veux-tu ajouter quelque chose ?”

Finalement, vous serez sûr d’avoir eu une écoute empathique :

  • si vous sentez un relâchement des tensions chez l’autre et vous-même ;
  • si votre interlocuteur arrête de parler parce qu’il se sent compris.

En résumé, l’empathie s’apprend et requiert une certaine vigilance. Si elle est menée avec sincérité et implication, elle est la clé d’une vraie communication. Êtes-vous prêt à développer une telle qualité d’écoute ?

Libérez-vous de votre conditionnement pour retrouver un mode d’expression bienveillant

Offrir à son interlocuteur la chance de s’exprimer en étant pleinement attentif à lui, sans préjugés, est l’une des clés de la communication non violente. Pourtant, bon nombre de personnes peinent à adopter cette attitude à cause de leur conditionnement social. Comment le dépasser ?

Dès l’enfance, le milieu social et le cadre familial enferment les individus dans un conditionnement dont il leur sera difficile de s’extraire. Ils se plient aux règles et aux exigences de la société, qui constituent une entrave à une communication bienveillante.

Catherine Schmider l’explique dans sa conférence TED Une éducation bienveillante pour un monde plus humain. Selon elle, les adultes apprennent très tôt aux enfants que le monde est divisé entre le bien et le mal.

Ce système binaire favorise la mise en place de récompenses et de sanctions. De fait, il incite à se comparer aux autres et à entrer en compétition.

L’enfant se soumet ou se rebelle, il s’habitue à communiquer de façon plus ou moins violente. Devenu adulte, il est habitué à se comporter ainsi même s’il n’est pas satisfait de son mode de communication.

La CNV s’efforce à inciter jeunes et moins jeunes à communiquer autrement. Pour être efficace, elle requiert l’apprentissage et la mise en pratique de valeurs spirituelles universelles.

Dans Les bases spirituelles de la communication non violente, Marshall B. Rosenberg écrit s’inspirer des valeurs véhiculées par les religions pour en faire le moteur de la CNV. Il se reconnaît notamment dans les principes bouddhistes.

Ceux-ci rappellent combien il est vital d’être relié aux autres par des échanges honnêtes reposant sur l’empathie, verbale et non verbale. Rosenberg ajoute même qu’il est dans la nature de l’être humain d’aimer, de donner et d’être bienveillant mais que cet élan vital est bridé par le conditionnement.

En prenant conscience de son conditionnement et en le mettant de côté, il est possible de poser les bases d’une communication saine. Les interlocuteurs font alors en sorte de se prêter une oreille attentive, d’être réceptifs et connectés.

À chacun de faire cadeau de sa présence de façon à ce que l’autre se sente compris. Comme le préconise le principe bouddhiste, il ne faut pas se contenter d’agir, il faut être là et vivre l’instant présent pleinement.

Cependant, il n’est pas facile de rester présent à l’autre et de recevoir ce qu’il a à exprimer. Vous aurez souvent envie de donner votre avis ou de rassurer, persuadé que vous devez trouver une solution à tout prix. Ce n’est pourtant pas en parlant à la place de votre interlocuteur que vous l’aiderez.

Souvenez-vous que ****la CNV privilégie :

  • la relation à soi avec l’apprentissage de l’auto-empathie. Il faut que vous soyez à l’écoute de vos sentiments et de vos besoins ;
  • la relation à l’autre et l’écoute empathique.

Il s’agit bien de prendre soin de soi pour prendre soin d’autrui.

En somme, l’intérêt de la communication non violente est de s’affranchir des contraintes personnelles et sociales qui perturbent la relation à l’autre. Libérez-vous de vos chaînes pour permettre à vos échanges avec les autres de devenir plus harmonieux !

Ouvrez-vous au langage de la reconnaissance et du cœur

La communication non violente n’est pas seulement utile pour résoudre des conflits. Elle vous offre aussi la possibilité d’exprimer votre gratitude, notamment formuler un merci et également le recevoir. De quelle façon procéder ?

Il n’est pas si simple de remercier ou d’être remercié. Dans la conférence Exprimer et recevoir de la gratitude, Marshall B. Rosenberg déconseille vivement d’exprimer sa reconnaissance en “langue chacal”. Un simple “merci” est insuffisant et doit s’accompagner d’éléments factuels et sincères.

Voici des exemples de phrases supposées exprimer de la gratitude :

  • “tu es bon danseur” ;
  • “tu as fait du bon boulot”.

Même s’ils sont positifs, ces compliments sont en réalité des jugements. Ils sont donnés comme des récompenses et n’ont d’autre but que de renforcer le comportement de la personne félicitée.

En d’autres termes, il s’agit d’une forme de manipulation. La personne qui déclare “tu as fait du bon boulot” attend quelque chose en retour.

Dès lors, remerciez plutôt en “langue girafe”, celle du cœur. Dans Les mots sont des fenêtres, Marshall B. Rosenberg souligne les trois composantes du remerciement sincère :

  1. L’acte concret qui a contribué à votre bien-être. Par exemple “j’ai apprécié que tu passes du temps avec moi” ;
  2. Le besoin en lui-même : “j’avais besoin de me confier” ;
  3. Le plaisir né de la satisfaction du besoin : “cela m’a fait du bien”.

En communication non violente, dire “merci” consiste à associer et à prononcer ces trois composantes dans l’ordre que vous préférez. En agissant ainsi, chaque interlocuteur éprouve des émotions agréables.

Un simple “merci” s’avère souvent insuffisant car il est difficile pour chacun d’en mesurer la portée. En outre, par gêne, par peur ou parce que vous pensez que l’autre vous sait déjà reconnaissant, vous vous abstenez de le lui dire. Il est pourtant dommage de vous priver de ce moment d’échange positif !

Exprimer sa gratitude ne va pas de soi, tout comme recevoir un remerciement. Vous pouvez avoir du mal à accepter la reconnaissance témoignée par celui à qui vous avez rendu service. Vous avez pourtant besoin d’être reconnu pour ce que vous avez fait et appréciez de vous sentir utile.

Pour accepter un remerciement, le plus simple est d’adopter une écoute empathique, comme vous le feriez pour tout type de message. Laissez votre gêne de côté, mettez-vous dans une position d’écoute neutre et ouvrez la communication.

Tout compte fait, exprimer sa gratitude et accepter les remerciements de l’autre permettent d’éprouver du bien-être. Votre besoin d’être reconnu est satisfait, comme cela peut être le cas de celui de votre interlocuteur. Lancez-vous et parlez avec votre cœur !

Conclusion

La communication non violente est un art de vivre qui repose sur la connaissance et le respect de soi et des autres. Elle nécessite de prendre le temps de s’écouter pour mieux comprendre l’autre et établir une relation de qualité. Marshall B. Rosenberg était convaincu de la bienveillance naturelle des individus, et ce malgré les exigences de la société ou de l’éducation. Ainsi, appropriez-vous le langage de la CNV : vous parviendrez à vous connecter à vos besoins et vos sentiments pour favoriser le dialogue avec vos interlocuteurs !

Ce qu’il faut retenir de ce koob :

  • juger, comparer et rejeter la faute sur l’autre sont des comportements qui rompent toute discussion ;
  • identifiez vos besoins fondamentaux et respectez-les pour éviter de rejeter votre insatisfaction sur l’autre ;
  • détachez-vous de vos contraintes sociales, car elles parasitent la relation à l’autre ;
  • soyez attentif aux mots et choisissez-les avec soin pour maintenir le dialogue ;
  • vous pouvez exprimer votre colère sans agresser l’autre, en restant calme et en dévoilant les causes de votre stress ;
  • l’empathie est une capacité d’écoute profonde, parfois silencieuse ;
  • osez exprimer votre gratitude et recevoir les remerciements pour générer du bien-être.

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