Blockchain: Bubble or Revolution

de Neel Mehta, Adi Agashe et Parth Detroja

En lisant ce koob, vous apprendrez à mieux comprendre le fonctionnement des cryptomonnaies et de la technologie blockchain.

Vous découvrirez aussi :
pourquoi le Bitcoin est autant à la mode ;
les raisons pour lesquelles il existe beaucoup d’autres cryptomonnaies ;
pourquoi les monnaies virtuelles semblent être à la fois une révolution et une bulle financière ;
s’il est intéressant d’investir dans les cryptomonnaies ;
comment la technologie blockchain va transformer de nombreux domaines de la société.

Il ne se passe plus un jour sans que les médias n’évoquent les cryptomonnaies, en particulier le Bitcoin. Son cours a explosé et a permis à de nombreuses personnes de s’enrichir à une vitesse stupéfiante. Pourtant, il est toujours très difficile de savoir si les cryptomonnaies sont les devises du futur ou des bulles destinées à exploser à court terme. Pour répondre à cette question, il faut s’interroger sur la technologie blockchain dont dépend le fonctionnement de ces nouvelles monnaies. Comment déterminer si un investissement sur ces nouvelles valeurs est judicieux ?

Le Bitcoin résout en théorie les deux principaux problèmes inhérents à la monnaie

Si le Bitcoin devient de plus en plus populaire, ce n’est pas seulement à cause d’un effet de mode, mais grâce aux avantages qu’il possède par rapport à la monnaie “classique”, dite fiduciaire. Quels sont ses bénéfices ?

Pour comprendre les avantages des cryptomonnaies, il est utile de se rappeler le rôle de l’argent.

L’argent sert à fluidifier les échanges, qui sans cela se dérouleraient par le troc. Initialement, il est donc un symbole tangible et matériel d’un équivalent de valeur.

Cependant cette tangibilité comporte elle-même des inconvénients. En effet, l’argent physique :
est encombrant ;
peut être volé ;
peut être falsifié ;
n’est pas adapté aux transactions dématérialisées.

Pour remédier à ces problèmes, les êtres humains ont décidé de faire confiance à des intermédiaires, comme les gouvernements et les banques. Ils gardent une trace des échanges financiers et garantissent leur équivalent en valeur monétaire.

L’utilisation de l’argent a immédiatement été facilitée et a gagné en rapidité. Cette astuce a cependant engendré d’autres problèmes :
les intermédiaires prélèvent des frais pour stocker l’argent et vérifier les échanges ;
ils ne sont pas immédiatement accessibles lorsque vous avez besoin d’eux ou que vous souhaitez récupérer votre argent physique ;
les données vous concernant peuvent être volées ou utilisées contre vous ;
les personnes qui ne passent pas par leurs services sont pénalisées. Par exemple, si elles ne possèdent pas de compte bancaire.

En 2009, Satoshi Nakamoto a créé le Bitcoin pour résoudre ce double problème de tangibilité et de nécessité d’intermédiaires.

Cette personne, dont l’identité est tenue secrète car elle travaille sous pseudonyme, a donné l’impulsion à d’autres cryptomonnaies, apparues ultérieurement et s’appuyant sur le même principe.

Dès sa conception, le Bitcoin a été pensé comme :
intangible, pour permettre des échanges financiers rapides et dématérialisés ;
dénué d’intermédiaires. Les utilisateurs assument eux-mêmes le rôle de vérificateurs des transactions.

Il s’agit donc d’une nouvelle forme de monnaie, ne nécessitant ni possession physique, ni banque, ni gouvernement pour garantir sa valeur et réaliser des échanges.

Autrement dit, c’est un espoir de liberté financière absolue pour les individus qui n’ont plus besoin de rendre des comptes à des intermédiaires.

En résumé, le Bitcoin et les autres cryptomonnaies sont une nouvelle manière d’utiliser l’argent. Les monnaies virtuelles permettent des échanges rapides et une grande liberté. Cela explique les espoirs et les craintes qu’elles suscitent !

Pour fonctionner, le Bitcoin utilise la technologie blockchain

Le Bitcoin et la majeure partie des cryptomonnaies n’auraient pas pu voir le jour sans une technologie particulière qui en fait sa caractéristique principale : la blockchain. De quoi s’agit-il ?

Pour éviter de recourir à des intermédiaires pour envoyer de l’argent d’une personne à une autre, il fallait trouver un moyen de sécuriser les transactions. Il était nécessaire d’en garder une trace et de s’assurer qu’elles ne soient pas fictives ou manipulées.

Pour y parvenir, le Bitcoin utilise une technologie dite de “blockchain”, c’est-à-dire de chaînes de blocs, dont le fonctionnement peut être résumé en plusieurs étapes :
Une personne effectue un paiement à une autre. Elle utilise donc une clé privée alphanumérique, qui peut être comparée à un mot de passe, et une adresse publique numérique, une sorte d’identifiant ;
Un algorithme encode et crypte la transaction en “bloc”. Il l’envoie à des “nœuds de minage” dans le réseau Bitcoin, c’est-à-dire à des ordinateurs en capacité de vérifier la cohérence des données de la transaction ;
Le premier mineur qui valide la transaction est récompensé par une fraction de bitcoin. Cette fraction est alors dite “minée”. À condition d’avoir la puissance de calcul suffisante, vous pourriez vous-même avoir un ordinateur dédié au minage et gagner des bitcoins lors de ces vérifications ;
Le bloc validé est ajouté à la “chaîne de blocs”, contenant toutes les autres transactions en bitcoins ;
À ce stade, la chaîne ne peut plus être modifiée. Chaque ordinateur connecté au réseau bitcoin peut en recevoir une copie, ce qui empêche toute modification ou perte unilatérale ;
La personne destinataire reçoit son paiement en bitcoins.

Pour schématiser ce processus parfois complexe, imaginez un immense tableur que tout le monde peut consulter à n’importe quel moment.

Vous pouvez ainsi savoir combien vous et tous les autres utilisateurs possédez et quelles transactions vous avez effectuées. Vous ne pouvez jamais le raturer, l’effacer ou le détruire, puisque tout le monde en possède une copie fidèle.

Autrement dit, c’est un moyen dématérialisé et inviolable de preuve, utilisé pour sécuriser les transactions financières dans le cas du Bitcoin.

Finalement, en utilisant la technologie blockchain, le Bitcoin a su s’émanciper de toute intervention de tiers, tout en garantissant une preuve inviolable de la sécurité des échanges. Cela ne s’est jamais produit dans le passé, c’est pourquoi cette technologie est perçue comme une révolution !

La valeur du Bitcoin dépend de sa rareté et de son utilisation par le plus grand nombre

Le premier paiement en bitcoins a eu lieu en 2010, alors que Laszlo Hanyecz a offert 10 000 bitcoins, soit environ 41 dollars, contre une pizza. Un bitcoin vaut aujourd’hui plus de 40 000 dollars. Comment expliquer l’explosion de sa valeur ?

Il peut sembler absurde qu’un informaticien puisse créer une “monnaie” à partir de rien, et que d’autres personnes lui accordent suffisamment de valeur pour en acheter en argent comptant. Pour expliquer ce phénomène, il faut comprendre que l’argent n’a pas de valeur en soi.

Par exemple, 50 euros sur Mars ne vous serviraient à rien.

Ce n’est que parce que les personnes autour de vous partagent votre conception de l’argent que celle-ci a du sens pour tous. Ce phénomène, théorisé par l’historien Yuval Noah Harari, est appelé “réalité intersubjective”.

Par exemple, les Amérindiens utilisaient des coquilles de moules en guise de monnaie, largement acceptées par toutes les tribus.

Lorsque la monnaie européenne est apparue autour de 1750, certaines tribus se sont détournées des coquillages. Cela a entraîné la perte de leur valeur.

Cependant, l’augmentation de la valeur du Bitcoin ne peut pas être expliquée par le seul usage des nombreux utilisateurs entre eux.

Le nombre de bitcoins est limité dès l’origine par son créateur à 21 millions. Il aura atteint ce chiffre en 2140, lorsque le dernier aura été miné. Effectivement, pour inciter de nouvelles personnes à rejoindre le réseau, le minage se fait progressivement car il est facile de le faire au départ.

Ainsi, il ne pourra jamais y en avoir plus, ce qui crée de la rareté.

Au contraire, le nombre de bitcoins diminue régulièrement pour diverses raisons, comme la perte de clés privées ou d’ordinateurs personnels. Ce phénomène tend à augmenter encore sa rareté, car cela crée un effet de peur de manquer. De plus en plus de personnes se précipitent alors pour en acheter.

De plus, deux facteurs complémentaires conduisent à l’augmentation de la valeur du Bitcoin :
Il est devenu facile d’en acheter et d’en vendre, en utilisant des plateformes dédiées ;
L’appât du gain est important. Son cours varie tellement qu’il permet des retours sur investissements bien plus importants que n’importe quel autre actif.

Sa rareté, sa facilité d’accès et l’espoir de gains futurs en font un cocktail très attirant, qui motive de plus en plus de personnes à acheter du Bitcoin. Cela fait monter son cours et attire ainsi d’autres personnes.

Pour conclure, la valeur du Bitcoin est destinée à augmenter au fur et à mesure que son adoption par le public se développe. Puisqu’il est rare et facile d’accès, c’est d’ailleurs de plus en plus le cas !

Le Bitcoin a de nombreux défauts qui l’empêchent d’être une bonne monnaie mais il peut constituer un bon investissement
Lorsque vous achetez du Bitcoin, vous pouvez vous demander si l’enjeu sera de faire du profit ou d’acquérir une monnaie qui pourrait valoir beaucoup à l’avenir. Pourquoi faut-il éliminer l’idée selon laquelle le Bitcoin est destiné à être la monnaie du futur ?

Pour qu’une monnaie soit utilisable et acceptée par le plus grand nombre d’individus, il faut que sa valeur soit stable.

Par exemple, vous n’aimeriez pas que votre baguette de pain coûte un euro un jour puis douze euros le lendemain.

Si l’inflation, c’est-à-dire l’augmentation des prix, tend à réduire votre pouvoir d’achat année après année, ses effets sont minimes et supportables à court terme. En effet, l’inflation est progressive. Cela est notamment dû aux gouvernements qui augmentent la masse monétaire en circulation ou à la hausse des coûts de production des produits.

En revanche, le Bitcoin est très volatil : il peut gagner ou perdre plus de 10 % de sa valeur en une seule journée, rendant sa véritable valeur inconnue. Certains prédisent qu’il ne vaudra plus rien d’ici quelques années, d’autres le voient atteindre le million sur le même laps de temps !

Les défenseurs du Bitcoin reconnaissent sa volatilité. Ils mettent cependant en avant qu’il ne peut connaître d’inflation à cause de sa quantité limitée à l’origine, contrairement à la monnaie fiduciaire.

En conséquence, vous avez plus intérêt à garder vos bitcoins qu’à les dépenser car ils prennent de la valeur avec le temps. Ils vaudront automatiquement plus dans le futur que lorsque vous les aurez acquis.

Si cela semble être une bonne chose, cela implique un revers. Le Bitcoin devient une mauvaise monnaie d’échange si tous les détenteurs veulent le garder. Cela fera baisser le nombre d’utilisateurs et donc sa valeur.

En revanche, le fait que le Bitcoin connaisse une croissance rapide et continue est un bon signal pour un investisseur. C’est justement la croissance, et donc le profit, qu’il recherche.

De ce point de vue, le Bitcoin surpasse tous les espoirs. De nombreuses personnes sont devenues millionnaires grâce à une faible mise de départ. Les pertes peuvent toutefois être tout aussi rapides.

Il est donc de plus en plus évident, au vu du comportement des détenteurs, que le Bitcoin n’est pas une bonne monnaie tant que son cours n’est pas stabilisé. D’ailleurs, cela n’arrivera peut-être jamais. En revanche, il peut éventuellement être un bon investissement.

Pour conclure, lorsque vous achetez du Bitcoin, n’espérez pas trop l’utiliser comme une monnaie qui résistera à l’inflation. Voyez-le plutôt comme un investissement lucratif même s’il peut être très risqué !

Le Bitcoin a de nombreux défauts structurels et circonstanciels

En dehors de sa volatilité, le Bitcoin présente plusieurs autres défauts qui peuvent rebuter certains acheteurs. Quels sont-ils ?

Les défauts du Bitcoin sont nombreux. Il s’agit notamment d’une trop grande lenteur de validation, d’une distorsion de son usage, d’une consommation excessive d’énergie et d’une trop grande concentration des ordinateurs de minage.

La lenteur de la validation
Les transactions en bitcoins sont validées par des mineurs. Lorsque le Bitcoin devient si populaire que des milliers, voire des millions d’utilisateurs procèdent à des transactions en même temps, la congestion est inévitable.

Les délais de validation et d’insertion dans la blockchain s’allongent, parfois jusqu’à une dizaine d’heures. Ce n’est pas un gros problème pour un investisseur qui peut se permettre d’attendre, mais cela devient problématique pour une monnaie censée être instantanée.

Par exemple, le Bitcoin peut valider quatre transactions par seconde, alors que Mastercard ou Visa peuvent aller jusqu’à 45 000 validations dans la même durée.

Les criminels profitent de l’anonymat permis par le Bitcoin
L’anonymat relatif permis par le Bitcoin permet à de nombreuses activités criminelles de rester impunies. En effet, seule l’adresse publique associée à votre compte est connue des utilisateurs mais la clé privée qui vous relie au compte ne l’est pas.

Par exemple, le Bitcoin peut être utilisé pour l’achat de drogues, de numéros de cartes bancaires volées ou pour demander une rançon à la suite d’un piratage.

Le vol des clés privées
La clé privée, que vous seul connaissez, est le seul moyen d’accéder à vos fonds en bitcoins. Si vous la perdez ou l’oubliez, personne ne pourra jamais les récupérer.

Cependant, ces clés sont souvent stockées sur les plateformes d’échanges pour le compte des clients.

Ces plateformes sont parfois hackées, ce qui conduit à la perte de tous les bitcoins. Par exemple, cela a été le cas de la plateforme Mt. Gox en 2011.

Le seul moyen de prévenir ce risque est de stocker vos clés privées sur des supports matériels tels que Paper Wallet ou une clé USB cryptée. Ce processus est complexe et fastidieux et peut limiter l’adoption du Bitcoin par le plus grand nombre.

Le poids écologique
La puissance informatique nécessaire au minage du Bitcoin est en constante augmentation. Cela est dû au nombre toujours plus élevé de transactions et à la complexité croissante des calculs nécessaires.

Cette augmentation des transactions et de complexité est corrélée à une demande plus élevée d’énergie. Une seule transaction équivaut à la consommation d’électricité d’un Américain moyen pendant vingt-deux jours.

Cela est un inconvénient de taille à l’heure où les défis écologiques se font de plus en plus urgents.

La concentration des fermes de minage
Désormais, un seul ordinateur, même s’il est très puissant, ne suffit plus pour miner un bitcoin. Des “fermes de minage”, regroupant des centaines ou des milliers d’ordinateurs, sont alors apparues.

Elles se concentrent dans les mains de peu d’acteurs, notamment en Chine. Le pays contrôle désormais 80 % de l’activité mondiale de minage. Ces fermes, qui peuvent accélérer ou réduire le rythme de production, sont donc susceptibles d’altérer à tout moment le fonctionnement même du Bitcoin.

Tout compte fait, malgré son aspect idéal au départ, le Bitcoin révèle de sérieux défauts à l’utilisation. Il faudra y remédier pour gagner la confiance du public sur le long terme !

Les altcoins sont apparus pour essayer de pallier les défauts du Bitcoin

Même si le Bitcoin attire tous les regards, il existe plus de 2 000 autres cryptomonnaies, appelées “altcoins”. Quel est leur intérêt ?

Les cryptomonnaies alternatives, ou altcoins, sont apparues après le Bitcoin, lorsque les utilisateurs se sont aperçus des faiblesses de ce dernier. Ils ont alors tenté de les résoudre ou d’accentuer certains aspects pour les rendre plus rapides ou plus efficaces.

Parmi les altcoins les plus connus, il existe :
le Bitcoin Cash. Apparu en 2017 avec la même structure que le Bitcoin, il permet une validation des transactions bien plus rapide grâce à des transactions volontairement plus simples ;
le Litecoin. Créé en 2011, il permet lui aussi des transactions plus rapides. Son nombre d’unités maximum est plus important et s’élève à 84 millions ;
Ethereum. Constitué en 2015, il a pour but de permettre la validation par blockchain des transactions financières mais également des contrats et des plateformes d’échange de bourse. Le système élimine ainsi les intermédiaires habituels en ces domaines tels que les avocats ou les juges ;
les stablecoins. Il s’agit d’une sous-catégorie d’altcoins. Leur but est de remédier à la volatilité du Bitcoin en étant indexés sur le cours de la monnaie fiduciaire. Par exemple, un Tether ou un Dai s’échangent toujours pour un dollar ;
le Binance Coin (BNB). Créé en 2017, il est une cryptomonnaie mise en avant par la plateforme d’échange chinoise Binance. Son but est d’attirer le maximum d’acheteurs en reversant des commissions de parrainage pour chaque nouvel entrant. Les milliards de transactions réalisées par jour sur la plateforme donnent à Binance la force de frappe pour se le permettre. La plateforme pourrait donc dominer l’ensemble des cryptomonnaies à moyen terme ;
Monero. Son but est de rendre les transactions totalement anonymes en brouillant l’identité du détenteur de la monnaie. Le Bitcoin, même si cela est difficile, permet en effet à la police de faire un rapprochement entre les clés privées et le véritable détenteur. Cette monnaie commence cependant à être largement plébiscitée par les criminels ;
le Basic Attention Token (BAT). Apparue en 2015, cette cryptomonnaie récompense les utilisateurs qui regardent des annonces publicitaires sur le navigateur Brave, dont le but est de supprimer les intermédiaires entre le publicitaire et le consommateur, afin que les deux parties puissent augmenter leurs profits.

Cependant, quelles que soient les qualités de ces altcoins, ils sont, comme le Bitcoin, soumis à la contrainte d’avoir suffisamment d’utilisateurs pour être adoptés comme monnaie d’échange.

Pour les créateurs de ces cryptomonnaies, le Bitcoin comporte trop de défauts pour être la monnaie du futur. Leur espoir est donc de le supplanter grâce aux avantages structurels de celles-ci qui pourraient prendre sa place pour devenir la référence.

À ce jour, seul l’avenir pourra dire lesquelles perceront. Il est même probable que la véritable cryptomonnaie du futur n’a pas encore été inventée.

En bref, il existe de nombreuses alternatives au Bitcoin, mais rien ne dit qu’elles survivront ni qu’elles gagneront en popularité. Investir dans ces cryptomonnaies revient donc à faire un pari sur l’avenir !

La technologie blockchain ne se limite pas aux cryptomonnaies

Si la plupart des cryptomonnaies ont besoin de la blockchain pour sécuriser leurs transactions, cette technologie a des applications bien plus vastes et prometteuses. Que peut-elle apporter de plus ?

La blockchain est une technologie récente, encore perfectible, dont les applications sont encore mal connues et où tout, ou presque, reste à inventer.

Toutefois, des pistes prometteuses sont déjà à l’étude, voire ont déjà été suivies. Parmi elles :
le vote en ligne. Pour le moment, les machines à voter ne sont pas fiables, car elles peuvent aisément être hackées. La blockchain permet un vote public, transparent, impossible à modifier ou à perdre, et imperméable à la corruption. Elle semble donc idéale mais il faut toutefois trouver le moyen de s’assurer que tous les citoyens puissent réellement voter sur la blockchain et garantir l’anonymat ;
un internet permanent. Tout ce qui se trouve sur internet dépend des données stockées sur des serveurs, en majorité privés, qui peuvent disparaître du jour au lendemain. Cela s’est produit pour MySpace en 2019. Si les sites les plus populaires sont copiés sur chaque ordinateur par l’intermédiaire de la blockchain, alors internet devient permanent. Puisqu’il n’est plus nécessaire de se connecter à un serveur lointain, tout devient également plus rapide ;
le traçage des produits. Il sera bien plus simple pour les entreprises, par exemple de l’agroalimentaire, de retracer l’origine des produits, leur trajet et leur destination. Il leur sera donc plus aisé de retrouver la faille en cas de problème sanitaire. Tout sera encodé dans une blockchain. Aux États-Unis, l’entreprise Walmart a adopté cette technologie et peut désormais tracer n’importe lequel de ses produits en moins de deux secondes ;
les contrats intelligents. De nouvelles formes de contrats pourront voir le jour, par exemple pour s’assurer du paiement et de la livraison, avec un inconnu. Le paiement ne sera délivré par le réseau que lorsque la preuve de livraison arrivera à la blockchain.

Ces exemples montrent que ce ne sont pas des startup anonymes qui utilisent le mieux la blockchain.

Ce sont au contraire de gros acteurs comme des gouvernements ou de grandes entreprises qui ont l’utilité, les moyens et la volonté d’insérer cette technologie dans leurs fonctionnements. Ils ont en effet le pouvoir de faire changer les habitudes et la réglementation.

Pour récapituler, la diffusion de la technologie blockchain ne se fera probablement pas par l’intermédiaire des cryptomonnaies. Elle sera sûrement généralisée par des acteurs suffisamment importants pour l’imposer dans leurs processus internes !

Le futur du Bitcoin et des cryptomonnaies reste incertain

Tant que les cryptomonnaies étaient connues par un faible nombre de personnes, elles pouvaient faire l’objet de fantasmes car elles passaient sous les radars de la réglementation. Désormais, leur adoption de plus en plus massive implique de se confronter à la réalité et aux gouvernements. Que va-t-il émaner de ce constat ?

Comme elles permettent l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent, les cryptomonnaies peuvent être interdites dans certains pays. C’est déjà le cas en Russie, en Thaïlande ou en Bolivie.

Nul doute que la Chine, qui joue actuellement un double jeu en favorisant l’essor des cryptomonnaies, ne tolérera sur son territoire qu’une cryptomonnaie qu’elle aura créée ou choisie. Elle pourra ainsi surveiller et contrôler son fonctionnement.

D’autres pays, comme les États-Unis, choisiront probablement une voie médiane, avec une plus grande régulation, quitte à priver les cryptomonnaies d’une grande partie de leur intérêt.

De plus, certaines initiatives privées montrent que l’adoption d’une nouvelle cryptomonnaie n’est ni simple ni automatique. C’est le cas par exemple de l’échec de Libra créée par Facebook, qui espérait contrôler toutes les transactions sur son réseau.

En effet, les individus souhaitent une monnaie stable, facile à utiliser, avec des garanties. Les cryptomonnaies ne remplissent pas ces critères, puisqu’elles sont instables, complexes à utiliser et ne permettent aucun droit à l’erreur.

C’est le paradoxe des cryptomonnaies. Elles ont été créées pour échapper à la mainmise et à l’arbitraire des gouvernements sur la monnaie fiduciaire mais ne peuvent fonctionner à grande échelle seulement si :
les gouvernements consentent à renoncer à leurs pouvoirs de contrôle sur une partie de l’économie, ce qui ne se fera pas volontairement de leur part ;
les individus peuvent les utiliser aussi facilement et naturellement que la monnaie fiduciaire, ce qui est loin d’être acquis pour le moment.

Ainsi, les créateurs de cryptomonnaies se rendent douloureusement compte qu’il est impossible de créer une disruption unilatérale dans un système économique global. Les rouages sont millénaires et très profondément ancrés dans les habitudes.

En conséquence, il est probable que les cryptomonnaies devront faire des compromis pour pouvoir jouer un rôle significatif. Elles devront par exemple renoncer à de nombreuses prérogatives, comme l’anonymat ou la décentralisation totale.

Il en résultera peut-être une réduction du nombre de cryptomonnaies à une petite dizaine. Chacune sera spécialisée dans un domaine particulier, par exemple les virements internationaux immédiats ou la sécurisation des contrats en accord avec les lois.

Somme toute, les cryptomonnaies devront bientôt se confronter à des régulations étatiques bien plus importantes pour être véritablement légitimes. Cela bouleversera profondément leurs caractéristiques !

Conclusion

L’avènement des cryptomonnaies a fait naître un immense espoir pour les individus : celui de se libérer financièrement du joug des gouvernements et des systèmes en place. À ce jour, il est probable qu’elles ne pourront concrétiser cet espoir dans toute son étendue, mais elles ne sont pas pour autant une bulle destinée à exploser. La technologie blockchain qui les soutient est une vraie révolution, qui modifiera à coup sûr le visage de pans entiers de l’économie. Elles seront donc utilisées, mais rien ne garantit que vos investissements soient pérennes sous la forme actuelle. Soyez donc prudents !

Ce qu’il faut retenir de ce koob :

le Bitcoin et les autres cryptomonnaies permettent d’utiliser son argent de manière dématérialisée, sans contrôle et sans intermédiaire ;
la technologie blockchain, sur laquelle repose le Bitcoin, est la vraie révolution qui permet de se passer d’intermédiaire tout en garantissant une preuve inviolable ;
le Bitcoin n’est pas une bonne monnaie mais peut être utilisé comme un investissement risqué ;
les altcoins tentent de prendre la place du Bitcoin en corrigeant ses défauts ;
le Bitcoin est rare et spéculatif, mais sa valeur dépend surtout du nombre de personnes qui l’utilisent ;
une régulation des cryptomonnaies par les gouvernements semble inévitable pour qu’elles soient adoptées massivement.